POURQUOI LA VÉRITABLE AMITIÉ EST-ELLE SI RARE ?

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Ici, il s’agit de différencier l’amitié de relations différentes, comme la simple relation fondée sur l’intérêt ou l’agrément. En effet, les hommes, en général ne portent pas suffisamment attention si les autres qu’ils côtoient peuvent vraiment être leurs amis ou non. Ainsi Cicéron déclare dansRésultat de recherche d'images pour "amitié festive dessin" son ouvrage l’Amitié : « Quand les gens font l’acquisition d’animaux; ils y apportent le plus grand soin, alors que dans le choix de leurs amis, ils sont négligents et ne savent pas à quel genre d’indices, de repères, on peut se fier pour reconnaître ceux qui seraient capables d’amitié« . À cause de cette négligence, bon nombre de personnes se retrouvent dupées sur leurs sentiments, et finissent par croire que l’amitié véritable n’existe pas. Nous verrons , au contraire, que l’amitié existe, mais qu’elle est rare. L’amitié est rare parce qu’elle suppose certaines caractéristiques que l’on ne trouve pas communément.

Premier argument : l’amitié est rare car la plupart des relations humaines sont plutôt fondées sur l’intérêt ou l’agrément, et pas seulement fondées sur la bienveillance réciproque :

C’est le philosophe Aristote , dans l’Éthique à Nicomaque  qui distingue ces trois sortes de relations , qui ne sont pas à confondre.. La relation fondée sur l’intérêt, c’est quand , par exemple, on fréquente quelqu’un  surtout parce qu’il est riche ou haut placé. La relation fondée sur l’agrément, c’est par exemple quand on fréquente des gens pour faire des sorties comme aller au restaurant, au cinéma… Mais ce n’est pas encore de l’amitié.

Ces deux types de relations que nous venons de mettre en relief ne sont pas la véritable amitié car, « ce n’est pas la personne qui compte, mais ce qu’elle est en mesure de procurer ». Dans les deux autres relations, autrui n’est finalement envisagé que comme un moyen et non comme une fin en soi. Comme le déclare Cicéron à ce propos : « L’amitié est une inclination de l’âme associée à un certain sentiment d’amour plutôt qu’une spéculation sur l’ampleur des bénéfices qu’on en tirera« . Dans l’amitié, ce qui plaît avant tout , c’est l’âme de l’autre.

L’amitié est un lien extrêmement fort, et pour Cicéron, il peut très bien arriver que le lien d’amitié soit plus fort que le lien de parenté : « Ainsi, l’amitié vaut parfois mieux que la parenté, du fait que la parenté peut se vider de toute affection; l’amitié non, qu’on ôte l’affection, il n’y a plus d’amitié digne de ce nom, mais la parenté demeure« . Le lien d’amitié est ainsi comme une sorte de lien de fraternité, sans le lien du sang.

Comme l’amitié n’est pas d’abord fondée sur l’intérêt et l’agrément, c’est une relation plus durable. Car dans les deux autres types de relations, le jour  où les personnes ne sont plus ni utiles, ni agréables, on cesse de les apprécier. les deux autres types de relation sont fragiles, car dès qu’il n’y a plus intérêt, la relation cesse. Ainsi Aristote déclare dans l’Éthique à Nicomaque : « La cause de la relation disparaissant (profit, plaisir), la relation, elle-même s’évanouit, elle n’avait pas d’autres raisons d’être ». L’autre n’étant perçu que comme un moyen; le fondement de ces deux relations est peu solide, aussi il est logique que ce genre de rapport à autrui soit peu durable.

Deuxième partie : l’amitié est rare, car elle est fondée sur la vertu. Et la vertu est une qualité pas si courante que ça .

L’amitié n’est pas synonyme de vertu, mais l’on peut dire, par contre, que l’amitié est la fleur de la vertu, ou encore la récompense qui attend les vertueux. les gens immoraux ne peuvent pas vivre l’amitié, car ils sont inconstants et lunatiques; de plus, ils cherchent d’abord leur intérêt.

Par ailleurs, on ne peut pas se fier à  des gens immoraux, ils sont infidèles et déloyaux (défauts complètement incompatibles avec l’amitié). Dans l’amitié véritable, l’utilité et l’agrément se rencontrent, mais ces deux éléments ne sont pas les fondements de la relation.

C’est parce que l’amitié est plaisante et utile comme les deux autres relations que très souvent on fait des confusions entre ces trois types de rapport à l’autre. Mais l’amitié est une relation supérieure aux deux autres, car notamment, elle vise le perfectionnement moral (fréquentation entre gens vertueux ). Voici, à ce propos ce que nous dit encore Aristote : « Les hommes sans grande valeur morale contractent l’amitié par plaisir ou par intérêt; les gens de bien, à l’inverse, s’aiment pour leurs qualités personnelles, ceux-ci sont donc des amis au sens rigoureux du terme; ceux-là ne le sont que par accident ou par analogie avec le vertueux ». C’est la véritable amitié qui sert de modèle aux deux autres relations , et non l’inverse.

Ainsi l’amitié n’est pas contingente, arbitraire. Dans l’amitié, j’aime en autrui ce que j’ai raison d’aimer en moi, c’est à dire le Bien

Par ailleurs, ce que remarque Aristote, c’est que l’homme de bien est à lui-même son meilleur ami; tandis que l’homme mauvais est son propre ennemi. Aristote va dire que l’homme de bien s’aime lui-même, il présente un esprit unifié et harmonieux. Par contre, l’homme vicieux ne poursuit pas le bien ( ni son propre bien, car en agissant méchamment, il finit par se retrouver tout seul et malheureux). l’homme vicieux présente un esprit divisé; les parties irrationnelles de son âme (désirs, pulsions narcissiques) viennent commander la partie rationnelle (raison, volonté). Autrement dit, le méchant est un passionnel, et comme tous les passionnels, il a une logique inversée, il met tout à l’envers. Ainsi ce qui devrait commander dans son âme (raison, volonté) devient subordonné aux parties inférieures de son être. l’homme mauvais n’est pas heureux, même s’il en donne l’illusion au premier abord, car il ne sait pas se dominer.

Le vertueux cherche à contenter sa partie rationnelle, il s’aime lui-même, et cette force intérieure lui permet d’aimer les autres. Car on ne peut aimer les autres, si l’on ne s’aime pas soi. Cependant, l’homme vertueux, s’il s’aime lui-même, n’oublie jamais l’autre car comme le dit Aristote : « L’amitié, c’est aimer plutôt qu’être aimé ». C’est un don de soi, même s’il y a réciprocité.

Du fait de cette réciprocité, on peut vraiment se confier à son ami. Ainsi Cicéron écrit : « Dans l’amitié, rien n’est feint, rien n’est simulé, tout est vrai et spontané« . Aussi l’amitié et l’hypocrisie sont incompatibles. L’amitié suppose donc de ne pas critiquer l’autre dès qu’il a « le dos tourné ». Pour un philosophe, comme Pascal dans les Pensées, l’amitié n’est pas seulement rare, elle n’existe pas, car on ne peut s’empêcher de parler de l’autre quand il n’est pas là, et pas toujours de manière amène. Ainsi pour Pascal, les relations humaines sont des semblants d’amitié, « on ne fait que s’entre-tromper » nous dit-il. Le point de vue de Pascal, est cependant quelque peu excessif, même si l’amitié est rare, elle n’est pas impossible.

Troisième partie : l’amitié suppose une certaine ressemblance et des point communs entre les deux personnes, « qui se ressemble, s’assemble ».

Dans l’amitié, il n’y a pas de rapport de force, les deux personnes sont sur un pied d’égalité. Ainsi Aristote nous dit : « Une trop grande disparité, sur le plan de la vertu ou du vice, ou sur le plan des ressources matérielles ou sur quelque autre plan, rend impossible l’amitié, en enlève même l’idée ». Ainsi Aristote remarque que parfois l’amitié est impossible entre deux personnes au niveau social trop différent, car il y a trop de rancœur.

Dans l’amitié, c’est donc « Qui se ressemble, s’assemble ». Ce n’est pas vraiment les contraires qui s’attirent, surtout en ce qui concerne la vertu. Car pour qu’il y ait amitié, il faut des affinités communes, des valeurs communes et pas simplement un intérêt quelconque. Il faut une parenté spirituelle qui permette une véritable complicité.

Ce qui prouve que l’amitié se déroule plus entre gens semblables que dissemblables du point de vue spirituel; c’est qu’un vertueux ne peut pas aller avec un homme immoral, car le vertueux ne peut pas avoir confiance en lui. Deux hommes pervers ne peuvent pas non plus aller ensemble, ils finiront par s’entre déchirer; seuls les vertueux peuvent s’unir par un véritable lien d’amitié. Parfois, il arrive malheureusement qu’un ami puisse devenir mauvais; à ce moment là, celui qui reste vertueux est obligé de le quitter.

Comme dans l’amitié, c’est « qui se ressemble, s’assemble »; c’est une relation où il y a peu de griefs et de disputes. Les vertueux sont constants ont peu de sautes d’humeur. De plus, le vertueux ne cherche pas d’abord son intérêt. Le véritable ami, c’est celui qui préfère aimer avant d’être aimé. C’est pour cette raison encore que l’amitié est rare, car la plupart des hommes par égocentrisme préfèrent être aimés qu’aimer. Voilà pourquoi nous dit Aristote, on apprécie autant les flatteurs; car le « flatteur feint de désirer plus vivement aimer qu’être aimé ». La plupart des gens veulent être bien traités, nous dit Aristote, tout en se gardant de bien traiter les autres, voilà pourquoi l’amitié est si rare. Par contre, dans l’amitié, il y a peu de reproches; car « les gens dont l’amitié se fonde sur la vertu mettent de l’empressement à s’obliger les uns les autres ».

Par ailleurs, ce qui fait qu’il y a peu de disputes dans l’amitié,  c’est que le véritable ami est toujours là; même dans les circonstances malheureuses. par contre, dans les autres relations, dès qu’on a un problème grave; les autres se défilent et font comme s’ils ne vous connaissaient plus. c’est dans l’adversité qu’on reconnaît les vrais amis.

Quatrième partie : l’amitié est rare, car elle demande un investissement temporel important .

L’amitié demande qu’on consacre aux amis du temps. Pour bien connaître ses amis, cela demande un certain investissement; or, on ne peut consacrer énormément de temps à beaucoup de personnes à la fois. Il y a donc une raison d’ordre pratique qui explique la rareté des amis. c’est pourquoi Aristote déclare : « On ne peut pour ce qui est de l’amitié, aller au-delà du nombre avec lequel on n’arriverait pas à mener une vie d’intimité ». Mais de toute façon, on ne  court pas un grand risque d’avoir trop d’amis nous dit Aristote, car il n’y a pas beaucoup de personnes vraiment vertueuses, franches et loyales.

Par contre, avoir beaucoup de relations d’agrément et simplement utiles et plaisantes, c’est possible.

CONCLUSION

L’amitié est donc rare, mais elle est une relation à rechercher car elle permet un accomplissement de soi. Avec un ami, on peut faire des projets ensemble : comme aller en voyage ensemble, fonder une entreprise ensemble… L’ami peut nous apporter des conseils pour notre vie publique et privée. L’amitié, lors des discussions et dialogues, procure une détente agréable. Cela apporte également une ouverture d’esprit. L’amitié entraîne, en définitive, le perfectionnement moral de l’âme , Ainsi comme le remarque Cicéron : « On est obligé de donner aux amis des avertissements, voir des remontrances, et il faut que l’ami les accepte, du moment qu’ils sont donnés dans une bonne intention ». L’amitié est donc la récompense des hommes de bien.

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